A l’écoute des fenêtres

« Les fenêtres qui parlent, ça ne m’intéresse pas »

Sylvain Marcelli a ouvert son micro aux habitants qui font parler leurs fenêtres. Les paroles sont captivantes. Tendez l’oreille, on apprend beaucoup de cette pratique. Ecouter

 

La fenêtre, une expression du quotidien
Entre repli et ouverture, entre maîtrise et sujétion, l’homme habite son logement, crée son lien à la ville. L’appropriation de l’espace de la fenêtre, ornement pour certains, art kitsch pour d’autres, est un révélateur de ces dualités et de la nécessité d’espaces de transition.

La façade est lisse. La fenêtre est fine, le mur épais. Un espace clandestin se libère, espace offert par le maçon à l’habitant. La tablette de fenêtre est généreuse, elle reçoit les premières lumières. Elle est cet espace privilégié que le chat affectionne.

La fenêtre peut s’ouvrir. La fenêtre ne s’ouvre pas, elle donne sur la rue. Les volets sont fermés chaque soir. Poussés depuis la rue, ils sont verrouillés à l’aide d’un crochet manipulé de l’intérieur. La fenêtre ne s’ouvre jamais.

Les maisons sont identiques : même forme, même plan intérieur. Elles sont le fruit de visions rationnelles et économiques de l’espace. La maison est habitée, imprégnée de vie. Elle devient le « chez-soi ».

Les maisons sont mitoyennes, en front-à-rue. La ville s’impose. Le jardin, représentation de la nature, est banni. Fleurs et plantes vertes se réfugient dans la fenêtre. L’habitant a le dernier mot.

La fenêtre est un écrin, elle accueille les richesses que l’habitant livre à la ville, elle est un lieu de représentation et d’identité. La fenêtre est un écran, un voile pudique. Elle ne révèle pas la vie intime de l’habitant.

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