Pendant une partie de son histoire, la Société Cavrois-Mahieu & fils de Roubaix, fondée en 1887, a fabriqué des draps de laine pour costumes d’hommes, en plus des activités de filature et teinturerie.
Le tissage fut arrêté en 1976, tandis que la filature a persisté, tout en déclinant, jusqu’en 2000. Alors que beaucoup d’autres entreprises roubaisiennes et tourquennoises (PJT, Ternynck, …) fournissaient des produits comparables, on pouvait se vanter, en France et dans le monde, de porter un complet-veston en drap de Roubaix / Tourcoing !
Habit de chaque jour pour les « cols blancs », les bourgeois, les « rupins », et certains commerçants, ou costume du dimanche et des cérémonies pour les classes laborieuses, il rend digne, fier et respectable celui qui le porte. Il joue aussi, au gré des modes successives, un indéniable rôle dans la séduction et sera même finalement intégré dans la garde-robe féminine.
En dépit de leur classicisme apparemment monotone, les draps de costumes révèlent à qui y prête attention, une infinie richesse et une subtile diversité de motifs, déclinés au cours des époques successives, avec toujours la même exigence de qualité.
LE DÉROULEMENT :
Des catalogues de draps de laine restaurés et autres documents inédits, présentés pour la première fois au public :
Des cahiers, livres d’échantillons, notes de stylistes, fiches techniques de tissage, sont exposés, pour la première fois, après restauration, dans leur « écrin » naturel, les entrailles patinées de la Forge, agrandies d’un espace récemment défriché par l’ équipe du Non-Lieu.
A cela s’ajoutent des documents inédits prêtés par des collectionneurs (catalogues de mode anciens, livres et patrons de tailleurs, etc,…).
Un patrimoine identitaire, intarissable source d’inspiration pour les créateurs :
Associant comme à son habitude patrimoine et création artistique, LNL sollicite un certain nombre de créateurs pour se pencher sur le sujet :
– CLIVIA NOBILI, styliste, invitée d’honneur : « Taille moi un costard »
Le Non-Lieu l’a invitée à créer une pièce costard en s’inspirant des anciens catalogues d’échantillons textiles de Cavrois : jusqu’au-boutiste, elle propose deux complets trois pièces, un pour femme, un pour homme, tous deux taillés dans des draps de laine anciens de Roubaix, trouvés dans l’ancienne capitale textile et… à Marseille
– ROSY LE BARS, plasticienne : « Pages blanches »
Un catalogue d’échantillons textiles incomplet lui a été confié : elle investit les derniers feuillets selon son inspiration. Alliant la tendresse de la peau à la crudité du dessous, elle fait glisser ce corps organique « doucement vers le costume ».
– CHRISTELLE MOTTE, plasticienne : « Patchwork costard »
Récupérant d’anciens échantillons de draps de laine de Cavrois, elle coud une vaste trame, comme un horizon nuageux jouant avec les infimes nuances de matières et de couleurs.
– DELPHINE CHENU, photographe : « Shooting en costard » De retour à la Forge après son expo 2010 « Dans la poussière », elle photographie sur fond de patchwork textile les visiteurs en costard.
De gauche à droite créations de : Clivia Nobili, Rosy Le Bars, Christelle Motte et Delphine Chenu
Photos : Marie Jeanne Neirynck, Rosy Le Bars, Danièle Lemahieu et Delphine Chenu
La confrontation des mémoires de Cavrois-Mahieu à celle d’autres lieux et personnes textiles :
« et le textile, c’est quoi pour vous ? »
Telle est la question posée aux anciens du textile, ceux évoqués dans le film de Samuel Gantier (« Affaires de grandes familles ») et ceux invités à la table ronde qui suit la projection.
L’exposition est présentée durant deux week-ends, le premier coïncidant avec les JEP. Chacun des deux week-ends comporte un temps fort : soirée « costard » pour le premier, projection et débat « et le textile, c’est quoi pour vous ? » pour le deuxième.